
Selon les projections de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC), contenues dans son rapport sur les « principaux indicateurs économiques, monétaires et financiers de la Cemac », publiées en mars 2025, la production de cacao au Cameroun devrait atteindre 306 800 tonnes au terme de la campagne 2024-2025. Celle-ci s'achève théoriquement le 15 juillet prochain. Si cette prévision venait à se réaliser, le Cameroun enregistrerait alors sa plus forte production de fèves depuis plus de 5 ans.
La prévision optimiste faite par la banque centrale des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA) révèle une hausse de 17 400 tonnes en glissement annuel, en comparaison avec la production de 289 400 tonnes pointées par la BEAC lors de la saison cacaoyère 2023-2024. Force est cependant de constater que les chiffres de la banque centrale sont différents de ceux de l’Office national du cacao et du café (ONCC). En effet, cet organisme public du Cameroun pointe plutôt une « production commercialisée » de 266 725 tonnes au cours de la même campagne, soit 22 675 tonnes de moins que le chiffre avancé par la banque centrale.
L’on peut cependant remarquer que la prévision de la BEAC survient après celle de Fitch Solutions, filiale de Fitch Group, qui détient également l’agence de notation financière Fitch Ratings. Dans une note sur l’économie camerounaise publiée en février 2025, ce prévisionniste anticipe une augmentation de la production de cacao au Cameroun de 6,7% en 2025 - soit plus de 280 000 tonnes - En prenant pour base de calcul les données officielles de l’ONCC, la projection de Fitch révèle une hausse de la production de fèves d’environ 17 870 tonnes en 2025, contre 19 389 tonnes, si l’on considère plutôt les données de la banque centrale.
Des prix records aux producteurs
En tout cas, l’embellie projetée dans la production cacaoyère au cours de la saison 2024-2025 est d’autant plus compréhensible qu’elle survient dans un contexte de forte hausse des prix aux producteurs locaux, réputés être les mieux rémunérés au monde. Cette réalité, observée depuis la campagne 2023-2024, avec des prix record ayant atteint 6 000 FCFA le kilogramme dans certains bassins de production - des prix de plus de 5 000 FCFA le kilogramme ont été enregistrés depuis le début de la présente campagne - contribue certainement à doper le dynamisme des cacaoculteurs.
La hausse projetée de la production devrait surtout être source d’importantes recettes d’exportation supplémentaires pour le Cameroun, dont le cacao est parmi les principaux produits de rente. À fin 2023, par exemple, le pays a exporté un peu plus de 180 000 tonnes de fèves brutes, pour des recettes atteignant près de 360 milliards de FCFA, selon le rapport sur le commerce extérieur du Cameroun publié par l’Institut national de la statistique (INS).
Le foisonnement des unités industrielles de transformation dans le pays depuis quelques années a, quant à lui, permis au Cameroun d’exporter respectivement 49 411 tonnes et 23 825 tonnes de pâtes et beurre de cacao au cours de la même période. Ce qui a permis au pays d’engranger des recettes d’exportation respectives de 97,4 milliards de FCFA et 55,5 milliards de FCFA, indique le rapport de l’INS.
Brice R. Mbodiam
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