La Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) annonce le démarrage, courant 2026, des travaux de construction d’un terminal hydrocarbures d’une capacité de 230 000 m3 de produits blancs (super, pétrole, gasoil, etc.) et de 40 000 tonnes métriques (TM) de gaz domestique (GPL). Baptisé THK, ce projet sera réalisé dans la zone industrialo-portuaire de Kribi, dans la région du Sud du Cameroun. A terme, il permettra au stockeur public de doubler ses capacités actuelles sur les produits blancs, officiellement estimées à 245 500 m3, et de multiplier pratiquement par dix ses capacités sur le gaz domestique, qui sont de 5005 TM actuellement.
Ces informations ont été révélées le 4 septembre 2025 à Yaoundé par Charles Régis Ondigui, directeur d’exploitation de la SCDP. C’était au cours d’un déjeuner de presse ponctué par une visite des installations du dépôt de la SCDP de Nsam. Interpellée sur les détails du projet, la directrice générale (DG) de la SCDP n’a pas souhaité révéler le coût. Véronique Manzoua, épouse Moampea Mbio a cependant précisé que la première phase du projet devrait démarrer en 2026 par la construction d’un terminal de stockage de 16 000 TM de gaz domestique, des quais et du manifold - ensemble de tuyaux ou de vannes servant à distribuer des produits liquides, NDLR. Les autres phases suivront progressivement.
« C’est un projet incontournable pour nous, parce que le port de Douala qui est un port fluvial ne peut accueillir que des navires de faibles capacités. A Douala, il faut par exemple trois navires pour égaler les 15 000 TM qu’un seul navire débarque à Kribi, induisant ainsi une réduction des coûts des opérations », explique la DG de la SCDP. Véronique Manzoua, épouse Moampea Mbio révèle par ailleurs que le projet THK date de l’année 2009 avec des partenaires canadiens. Cependant, affirme-t-elle, « ce type de projet demande beaucoup d’argent. Il doit en plus être rentable pour intéresser des partenaires. Mais actuellement, je peux vous assurer que le projet est bouclé ».
Stocks de sécurité
En gestation depuis plus de 15 ans, la révélation du projet de la SCDP survient cependant deux mois à peine après la cérémonie de la pose de la première pierre - le 17 juillet 2025 à Kribi - d’un projet similaire porté cette fois-ci par la société Cstar. Il s’agit d’une co-entreprise formée par la Société nationale des Hydrocarbures (SNH), sa filiale Tradex, spécialisée dans la distribution des produits pétroliers, et le consortium émiati Ariana/RCG. En plus d’un terminal de stockage des produits pétroliers (gasoil, essence, jet A1, kérosène, HFO) de 250 000 à 300 000 m³, d’un montant d’environ 114 milliards de FCFA, le projet de Cstar intègre la construction d’un raffinerie modulaire d’une capacité annoncée de 30 000 barils de brut par jour.
« Si beaucoup de projets de ce type sont développés dans le pays, c’est une bonne chose pour l’autonomie du Cameroun en matière d’approvisionnement en produits pétroliers. Dans d’autres pays, les stockeurs sont divers », commente la DG de la SCDP, qui fait observer que depuis quelques années déjà, de nombreux autres opérateurs détiennent des centres emplisseurs du gaz domestique au Cameroun.
Grâce aux projets portés aussi bien par la SNH que la SCDP, le Cameroun s’achemine vers des capacités de stockage de produits blancs d’au moins 480 000 m3 et 45 005 TM de de gaz domestique. Ces investissements devraient non seulement faire du pays un hub des produits pétroliers en Afrique centrale, mais aussi satisfaire les besoins de stockage du Cameroun officiellement estimés par la SNH à 470 000 m3. Cette donnée, selon le mastodonte du secteur pétrolier local, tient compte du « seuil requis pour satisfaire les exigences réglementaires qui imposent des stocks de sécurité équivalents à 30 jours de consommation et des stocks commerciaux pour 15 jours ».
Brice R. Mbodiam
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