Extrême-Nord : la route Mora–Tchakamari patine à 60 % d’exécution malgré son enjeu stratégique

Rédigé le 09/09/2025
Investir au Cameroun

La route Mora–Tchakamari n’affiche que 60,47 % d’avancement physique alors que 94,11 % des délais contractuels ont déjà été consommés. Un contraste saisissant pour ce chantier lancé le 1er mars 2024 et prévu pour durer 19 mois, incluant quatre mois de prolongation et une garantie de 12 mois. Le taux de facturation, estimé à 62,51 %, reflète-lui aussi le retard qui mine l’évolution des travaux.

Réalisé par l’entreprise Sotcocog S.A. sous la supervision du groupement Alpha Consult/ACE, ce tronçon de 22 km mobilise un financement de 14,62 milliards de FCFA, assuré conjointement par l’Association internationale de développement (IDA) et l’État du Cameroun. Mais il ne s’agit que de la première étape d’un programme plus ambitieux de 178 km, répartis en quatre lots, destiné à relier Tchakamari à Kousséri. La Banque mondiale a déjà approuvé les marchés correspondants, dont la mise en vigueur est annoncée pour octobre prochain.

Un projet stratégique mais sous pression

Pour rattraper le temps perdu, les entreprises adjudicataires – Somaf/Metag Insaat, AA Hatlad/JFA Construction, Zhonglin International Construction, ainsi que Sotcocog/Staport/Snce – ont été invitées à soumettre sans délai leurs plannings de mobilisation. L’objectif est de traiter prioritairement les points critiques de chaque lot afin de redonner de la visibilité à un chantier en perte de vitesse.

Au-delà des lenteurs constatées, cette route revêt une importance stratégique majeure. Elle s’inscrit dans la volonté du gouvernement de désenclaver durablement l’Extrême-Nord et de soutenir son développement socio-économique. Une fois achevé, ce corridor facilitera les échanges commerciaux, renforcera l’intégration régionale et améliorera les conditions de vie des populations locales. Autant d’enjeux qui expliquent pourquoi chaque mois de retard représente bien plus qu’un simple écart de calendrier : il freine une dynamique de désenclavement que la région attend depuis des décennies.

Thierry Christophe Yamb