Guerre des marchés à bétail : accalmie précaire entre les commerçants de Kalfou et Moulvoudaye

Rédigé le 24/04/2025
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Les marchés à bétail de Kalfou et de Moulvoudaye ont rouvert vendredi dernier. Cette décision fait suite à une réunion de crise entre les autorités traditionnelles de ces deux communes de la région de l’Extrême-Nord. Yerima Hamadou Tomboutou, lamido de la chefferie de premier degré de Kalfou, et Bouba Hamadou Kari, lamido de la chefferie de premier degré de Mindif, qui supervise également le lawanat de Moulvoudaye, étaient les principaux acteurs de cette rencontre. Les autorités municipales des deux communes y assistaient également.

Outre la réouverture des marchés – fermés pour éviter de nouveaux affrontements –, la réunion a confirmé que les deux marchés hebdomadaires se tiendraient le même jour, le vendredi. Si cette décision convient aux commerçants de Kalfou, elle mécontente ceux de Moulvoudaye. Depuis le début de la crise, ces derniers réclament que le marché de Kalfou, ouvert l’année dernière, soit décalé à un autre jour. À Moulvoudaye, on accuse Kalfou de pratiquer une concurrence déloyale.

Bien que la situation soit calme depuis cette réunion, rien ne garantit que la "guerre des marchés à bétail" soit définitivement réglée. Plusieurs habitants de Moulvoudaye, qui estiment que Kalfou devrait choisir un autre jour, contestent déjà les résolutions prises. Ces critiques soulignent que le lamido de Moulvoudaye, représenté par celui de Mindif, n’a pas eu la parole lors des discussions. « Le lamido de Mindif connaît quoi de la réalité que vit la population de Moulvoudaye ? », s’interroge un habitant dans un débat en ligne.

Bouba Hamadou Kari, le lamido de Mindif et oncle de celui de Moulvoudaye, est accusé en sous-main d’avoir évité de s’opposer au lamido de Kalfou, décrit comme un patriarche craint et respecté. Ces critiques pourraient remettre en cause l’accalmie actuelle.

Rappelons que ce sont les vendeurs de bétail venant du Tchad voisin qui ont incité les autorités traditionnelles de Kalfou à créer un marché local le vendredi, afin d’éviter le trajet vers Moulvoudaye. Ces éleveurs tchadiens dénoncent le mauvais état de la route de 17 kilomètres reliant les deux communes, ainsi que les risques de vol. Cependant, l’ouverture du marché de Kalfou menace l’économie de Moulvoudaye, qui repose en grande partie sur cette activité. C’est pourquoi les habitants continuent d’exiger un changement de jour pour le marché de Kalfou.

Michel Ange Nga

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