
Le 15 juillet 2025, le président Paul Biya a accordé une audience à Mgr José Avelino Bettencourt, nonce apostolique au Cameroun et en Guinée équatoriale. À l’issue d’un entretien d’environ une heure, le représentant du Saint-Siège s’est réjoui de la qualité des relations entre le Cameroun et le Vatican.
« Le Saint-Siège et le Cameroun entretiennent des relations exceptionnelles. En novembre 2024, Mgr Paul Richard Gallagher, ministre des Affaires étrangères du Vatican, a été reçu ici-même par le président Biya », a rappelé Mgr Bettencourt, au perron du Palais de l’Unité.
Le nonce a aussi transmis les vœux du pape Léon XIV au chef de l’État camerounais, saluant « l’accueil remarquable » qui lui a été réservé, et précisant : « Le président Paul Biya va très bien, et il m’a très bien reçu. J’en suis très reconnaissant ! »
Réponse politique à ceux qui doutent
Cette apparition du président intervient seulement 72 heures après l’annonce officielle de sa candidature à la présidentielle du 12 octobre 2025. Dans un contexte où les rumeurs sur sa santé se multiplient, les images de l’audience ont tout d’un message : Paul Biya apparaît debout, alerte, et s’exprimant avec aisance. Un contraste frappant avec les accusations de retrait ou de présidence déléguée, récemment relayées par l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary.
Le chef de l’État a d’ailleurs pris la parole sur X (ex-Twitter), réagissant personnellement : « Heureux d’avoir reçu ce jour le nonce apostolique, Mgr José Avelino Bettencourt, à l’aube du pontificat du Pape Léon XIV, qui ouvre de nouvelles et belles perspectives dans la relation entre le Saint-Siège et le Cameroun. »
Une dimension religieuse et diplomatique
L’audience avec le représentant du Vatican n’est pas anodine, dans un pays où l’Église catholique reste une institution influente. Depuis 2019, le Saint-Siège s’est impliqué dans la recherche de solutions à la crise anglophone. Le pape François, le cardinal Pietro Parolin ou encore Mgr Gallagher ont tour à tour exhorté au dialogue, condamné les violences, et proposé l’Église comme acteur de médiation.
Dans ce contexte, recevoir Mgr Bettencourt permet à Paul Biya de réaffirmer sa légitimité sur la scène diplomatique, tout en s’inscrivant dans une continuité des relations bilatérales.
Une stratégie de réaffirmation… à confirmer
Si cette démonstration de vigueur rassure l’opinion publique et les partenaires internationaux, elle ne suffit peut-être pas à dissiper totalement les interrogations. À 92 ans, Paul Biya évolue dans un contexte où les attentes en matière de gouvernance, de participation politique et de transition institutionnelle sont de plus en plus exprimées, tant par une jeunesse attentive que par une classe politique en quête de renouvellement.
Thierry Christophe Yamp