
Dans le cadre de sa tournée de pré-campagne amorcée le 8 août 2025, le candidat de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain, Bello Bouba Maïgari, 78 ans, a tenu un meeting ce 7 septembre à Bafoussam. Dans la capitale régionale de l’Ouest, l’ancien Premier ministre a lancé un appel solennel aux leaders des partis de l’opposition pour qu’ils transcendent leurs querelles et bâtissent une coalition capable de peser dans les urnes.
« J'invite toutes les forces politiques et initiatives citoyennes de l'Ouest : unissons-nous pour construire ensemble l'avenir de cette région et de notre pays. Mais au-delà de l'Ouest, j'appelle également nos frères et sœurs du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest : unissons-nous ! Car l'histoire nous enseigne que c'est dans l'unité que naissent les grandes victoires. Et aujourd'hui, cette unité doit se traduire par une coalition nationale, rassemblant les énergies, les convictions et les espoirs de tous. C'est dans cet esprit que j'appelle à la recherche de cette coalition », a clamé Bello Bouba, qui ambitionne de succéder à Paul Biya après plus de quatre décennies de règne.
L’ancien allié du président sortant, qui a quitté le gouvernement en juin dernier, estime que « l'heure est venue pour un dialogue franc, un pacte pour l'alternance et une coalition de l'opposition qui dépasse les querelles pour offrir un avenir à notre jeunesse ».
Un discours ancré dans l’histoire politique
À Bafoussam, le candidat de l’UNDP a tenu à saluer les grandes figures de l’Ouest qui, selon lui, incarnent l’esprit de résistance et de progrès du Cameroun. Adamou Ndam Njoya, « symbole de sagesse et d'intégrité » ; Ernest Ouandié, « héros national et martyr de l’indépendance » ; Sa Majesté Jean-Rameau Sokoudjou, chef supérieur de Bamendjou, « voix de dignité et de résistance » ; ainsi que Tomaino Ndam Njoya, Pierre Kwemo et Maurice Kamto, ont été cités comme des repères de mémoire et d’engagement.
En convoquant ces figures, Bello Bouba cherche à inscrire sa candidature dans la continuité d’une histoire de luttes politiques et de sacrifices, mais aussi à se poser comme un héritier capable de rassembler l’opposition dispersée.
« Génie de l’Ouest, moteur du progrès national »
Face à une foule nombreuse, l’ancien ministre du Tourisme a exalté la force des populations de l’Ouest : « Peuple de l’Ouest, vous êtes une force. Et cette force, le 12 octobre, dans 35 jours, doit se transformer en un vote massif, pour un changement, pour la victoire. Car ce jour-là, il ne s’agira pas seulement de choisir un président de la République. Il s’agira de dire : Oui à l'unité ! Oui à la démocratie ! Oui au progrès partagé ! »
Il a présenté les ressortissants de cette région comme des bâtisseurs dont les efforts restent trop souvent sous-valorisés. « Ici, à Bafoussam, on ne se plaint pas : on se bat. Ici, on ne demande pas la charité : on crée la richesse. Ici, chaque famille est une école de courage et d'effort », a-t-il martelé, avant de dénoncer les injustices économiques. Selon lui, trop souvent les produits agricoles de l’Ouest quittent les champs pour enrichir d’autres régions. Trop souvent, les jeunes sont contraints de rêver d’ailleurs faute d’opportunités locales. Trop souvent, les succès économiques ne bénéficient pas du soutien qu’ils méritent.
Engagements concrets et stratégie politique
S’engageant à transformer cette frustration en opportunité, Bello Bouba a promis que « le génie de l’Ouest deviendra le moteur du progrès national ». Il a affirmé vouloir garantir l’accès des jeunes aux technologies nouvelles, à la formation et au financement. Il s’est engagé à moderniser l’axe Bafoussam-Douala, qu’il veut transformer en un corridor moderne, sûr et rapide avant la fin de son mandat. Il a également insisté sur la valorisation de la diaspora de l’Ouest, qu’il considère comme un vivier d’investissements pour le développement local, et a souligné la nécessité de mettre l’énergie et le numérique au service des ateliers, des PME et des villages de la région.
Une candidature d’expérience et de défi
À 78 ans, Bello Bouba incarne une figure singulière de l’opposition : ancien Premier ministre à 35 ans, plusieurs fois ministre et ex-allié de Paul Biya, il mise aujourd’hui sur son expérience et son réseau politique pour fédérer autour de lui. Mais son âge avancé et son passé de compromis avec le régime pourraient aussi nourrir des interrogations sur sa capacité à incarner une alternance crédible.
En plaçant l’unité et la coalition de l’opposition au centre de sa campagne, Bello Bouba joue une carte stratégique : rallier les forces dispersées de l’opposition pour éviter la répétition du scénario de 2018, où la division avait laissé un boulevard à Paul Biya.
Thierry Christophe Yamp